Nous avons le plaisir de vous annoncer l’exposition « De sable et de vent » de Vincenzo Cardile. L’exposition aura lieu du 13 au 15 mars 2015 dans le cadre du Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté à LuxExpo (Luxembourg-Kirchberg).
Quelques mots de Vincenzo à propos de son travail :
Contexte
Après les “événements” qui ont secoué le Nord Mali en janvier 2012, quelque 450.000 personnes ont été déplacées, dont 75.000 ont investi le camp de Mbera, que les autorités mauritaniennes ont mis à disposition du Haut Commissariat aux Réfugiés dans le Hodh el Charghi, une région désertique très inhospitalière, à l’extrême sud-est du pays, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec le Mali.
Je me suis rendu dans le camp de Mbera à deux reprises, en mai 2012, peu après l’ouverture, et très récemment, en février 2015.
2012. Phase d’urgence
Un flux continu de personnes, en provenance des régions de Gao, Mopti et Ségou mais dans sa grande majorité de la région de Tombouctou, au Nord, investit le camp. Jusqu’à 110.000 personnes y trouvent, bien que mal, un abri, fuyant des régions où l’insécurité atteint son degré maximal.
2015. Phase de stabilisation
A partir de la deuxième année d’ouverture du camp le flux d’arrivants se tarit; le nombre de résidents se stabilise autour de 60.000. A trois ans de l’ouverture, la situation au Nord Mali est loin d’être revenue à la normalité: des groupes djihadistes y font toujours la loi et les accords entre le pouvoir central malien et les “rebelles” du Nord sont toujours au point mort. Les réfugiés savent qu’ils devront attendre de longs mois, voire plusieurs années, avant de pouvoir espérer réintégrer leur lieu d’origine.
La vie y reprend ainsi tous ses droits. On ne se considère plus dans une situation provisoire, on commence à réfléchir à des projets, à se projeter dans le futur… à l’intérieur du camp!On y assiste à des décès, mais aussi à des mariages, à des naissances…
Celui qui était un camp de fortune devient petit à petit un gros village, avec de nouvelles initiatives qui voient le jour, des relations qui se tissent, des commerces qui s’ouvrent. Les grands institutions internationales qui y oeuvrent commencent à construire leurs locaux “en dur”. De par son nombre d’habitants, Mbera est désormais la quatrième “ville” de Mauritanie.
Une ville, ne l’oublions pas, habitée par des hommes et des femmes arrachés à leur vie, obligés de vivre dans des conditions difficiles, dans l’impossibilité de pouvoir se projeter dans un futur lointain, vivant dans des conditions sanitaires encore précaires. Les plus gros défis restent l’accès à la scolarisation, le travail d’enfants, les mariages précoces, la tentative de recrutement des enfants par des groupes armés. La malnutrition infantile, malgré une situation sanitaire nettement améliorée par rapport à 2012, reste toujours un enjeu majeur.
Mon souhait est que ce travail amène à une plus grande prise de conscience, à une plus grande empathie envers ces femmes et ces hommes qui, subissant dans leur chair un destin qu’ils n’ont pas choisi, s’efforcent de mener dignement leur vie.
Plus d’informations sur le site du Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté.